Arrêt de l’opération „Mare nostrum“ et les conséquences pour les réfugiés en méditerranée

Question parlementaire no 670 au Ministre des Affaires étrangères et européennes:

Suite au naufrage au large de l’île de Lampedusa qui a coûté la vie à 366 migrants, l’opération „Mare Nostrum“ a été lancée. Cette opération militaire et humanitaire menée par la Marine militaire italienne depuis le 18 octobre 2013, visait à secourir en mer les immigrés clandestins. Son périmètre d’action s’étend jusqu’aux côtes libyennes. En moyenne, 900 soldats ont été mobilisés chaque jour. L’opération „Mare Nostrum“ a permis d’arrêter 351 passeurs et de secourir plus de 150.000 personnes en un an.

Suite aux déclarations des autorités italiennes, de ne plus vouloir prolonger l’opération „Mare Nostrum“, l’Union européenne avait annoncé le 27 août 2014 l’opération „Triton“ pour patrouiller à partir du 1er novembre 2014 en Méditerranée et venir en aide a l’Italie pour faire face à l’afflux des migrants sur ses côtes. Cette opération sera placée sous commandement italien et coordonnée par l’Agence européenne pour la surveillance des frontières extérieures de l’UE Frontex, l’Agence européenne pour la surveillance des frontières extérieures de l’UE, qui travaillera en étroite coordination avec la Guardia di Finanza, la Garde côtière et la Marine italienne. „Triton“ couvrira les zones d’opération d’Hermès (au sud de la Sicile et près des îles de Lampedusa et Pantelleria) et d’Aeneas (sur les côtes de la Calabre et des Pouilles).

Le coût de l’opération „Triton“ s’élève à 2,9 millions d’euros par mois, c’est-à-dire un tiers que l’opération „Mare Nostrum“ coûta chaque mois à l’Italie. Pour concrétiser l’opération, 21 Etats membres ont indiqué leur volonté de participer à „Triton“ en fournissant des moyens humains (65 agents invités au total) et techniques (4 avions, 1
hélicoptère, 4 patrouilleurs de haute mer, 1 navire de patrouille côtière, 2 patrouilleurs côtiers).

Ces deux opérations n’ont pas le même champ d’action, ce qui explique pourquoi d’aucuns estiment que l’opération „Triton“ n’a pas vocation à remplacer „Mare Nostrum“. Selon le directeur exécutif de Frontex, Gil Arias Fernandez, „Triton sera lancée indépendamment du destin de Mare Nostrum“. Selon lui, „Triton“ „ne répond pas aux besoins de milliers de migrants et de réfugiés, y compris ceux qui sont forcés de fuir les guerres et les persécutions au Moyen-Orient et en Afrique. L’idée qu’elle puisse remplacer ‚Mare Nostrum‘ pourrait avoir des conséquences catastrophiques et mortelles en Méditerranée“. C’est aussi la position d’Amnesty International, qui incite l’Italie à poursuivre „Mare Nostrum“ „jusqu’à qu’il y ait un autre dispositif européen soutenu par d’autres pays européens et mieux équipé que Triton“. Le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a exprimé le 23 octobre 2014 dans un communiqué sa „vive préoccupation“ face à la fin de l’opération militaire et maritime italienne. De nombreuses organisations ont plaidé pour que l’Italie poursuive l’opération.

(Informations tirées du site www.europaforum.lu)

Dans ce contexte j’aimerais poser les questions urgentes suivantes à Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et européennes:

  • Êtes-vous d’accord pour constater que la mission de „Mare Nostrum“, qui a permis de secourir plus de 150.000 personnes en un an, est une action humanitaire d’une importance primordiale?
  • Êtes-vous d’accord pour constater que la mission „Triton“ n’a ni les moyens, ni la vocation, pour remplacer la mission humanitaire que „Mare Nostrum“ a remplie?
  • Dans cet ordre d’idées, la mission humanitaire de „Mare Nostrum“ ne devrait-elle pas être poursuivie?
  • L’Union européenne ne devrait-elle pas aider l’Italie à poursuivre cette mission essentiellement humanitaire?
  • Qu’est-ce que vous comptez faire pour que cette mission puisse se poursuivre?

Respectueusement,

Justin Turpel et Serge Urbany, députés déi Lénk

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